Les lignes de désir : traverser librement la chaussée #002
Dans cet épisode je vous décris quatre typologies d'aménagement pour vous permettre de donner libre cours aux « lignes de désir » piétonnes dans les espaces publics que vous voulez transformer en espaces relationnels.
1. Les deltas piétonniers
Le concept : il s'agit de prioriser les flux piétons en ouvrant l'espace dédié à la traversée aux intersections sous la forme d’un delta qui s'élargit, permettant aux piétons de s'épancher naturellement dans plusieurs directions plutôt que de les canaliser en ligne droite.
Les applications : - Aux entrées et sorties des rues commerçantes pour dynamiser le cœur de ville. - Aux intersections proches des abords des écoles pour fluidifier les déplacements des enfants et des parents.
Les avantages : cela favorise la « vivacité urbaine » et répond aux besoins réels des piétons, en s'adaptant à leurs trajectoires naturelles.
2. Le place-teau
Le concept : issu de la fusion d'une place et d'un plateau piétonnier, ce dispositif surélève légèrement les carrefours pour créer un espace partagé tout en permettant le passage aisé des transports en commun.
Les avantages : - Réduit la distinction entre le trottoir et la chaussée, favorisant la coexistence apaisée entre piétons et véhicules. - Crée un espace convivial et sécurisé, tout en maintenant la fluidité du trafic.
3. La bande centrale
Le concept : une bande centrale banalisée plutôt large (2,00 m à 2,50 m au minimum) occupe le milieu de la chaussée, facilitant la traversée des piétons sur de longs tronçons, notamment dans des axes à fort trafic (routes départementales en France ou routes cantonales en Suisse). Le principe de fonctionnement supprime les feux tricolores : les piétons traversent librement, et les voitures ralentissent pour leur céder le passage, sans pour autant devoir s’arrêter totalement.
Les avantages : - Favorise la co-visibilité et fluidifie les décisions à prendre et simplifie la gestion des interactions pour tous les usagers. - Réduit les temps d'attente pour les piétons et les automobilistes. - Rend les traversées plus sûres et plus naturelles.
4. La traversée informelle
Le concept : Matérialiser les lignes de désir par des interventions artistiques ou citoyennes (approche « bottom-up »). Cette approche est particulièrement appropriée pour les quartiers résidentiels ou les villages ruraux à faible densité. Cela peut se faire par des marquages au sol créatifs, en ayant recours à l’aide d’un artiste ou simplement dessinés par les citoyens eux-mêmes ou encore par les agents de la collectivité. Cela peut prendre aussi la forme de Zones 30 volontaires, comme la « freiwillige Tempo 30 » en Suisse, où les habitants incitent les automobilistes à ralentir en posant des panneaux « fait maison », souvent dessinés par les enfants eux-mêmes. Les automobilistes décident alors volontairement s’ils souhaitent ralentir, ce qu’ils font généralement.
Les avantages : - Renforce le sentiment d'appropriation de l'espace public par les habitants. - Favorise la convivialité et la sécurité.
Ces quatre approches très différentes montrent qu’il y a diverses manières de fabriquer des aménagements capables, qui peuvent s'adapter aux lignes de désir pour créer des espaces plus relationnels, sûrs et conviviaux. En donnant la priorité systématiquement aux piétons tout en fluidifiant les déplacements pour tous les usagers de la chaussée, y compris les automobilistes, on transforme les rues en lieux de vie plutôt qu'en simples axes de circulation. Ces méthodes sont autant d'outils pour repenser les aménagements de nos rues et les rendre plus relationnelles.
Et vous, laquelle de ces méthodes trouvez-vous la plus inspirante ou applicable dans votre contexte local ?
J'espère que vous avez apprécié cet épisode et que vous y avez récolté de belles inspirations pour vos projets actuels et futurs.
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