Comment créer des sous-espaces dans nos espaces publics #13

Dans cet épisode je souligne l’importance de créer des sous-espaces dans nos espaces publics pour favoriser un plus large spectre d'usages. Un espace trop uniforme limite les interactions. En diversifiant ses composantes, on augmente les "prises" qui vont permettre différentes appropriations d'un même espace.  

Dans cet épisode vous allez pouvoir découvrir les 4 types de sous-espaces majeurs :

Les portes : Elles ne doivent pas seulement inviter à entrer dans l'espace, mais aussi à faciliter la sortie. Il faut penser leur dimension biface et leur épaisseur, en créant des zones d’influence de chaque côté, qui à l'instar d'un parvis ou un hall permettant un usage intermédiaire (ex. : s’arrêter sans forcément entrer).  

Les seuils : Ce sont des espaces de transition entre deux sous-espaces internes. Ils créent une zone d’indécision utile, favorisant une micro-pause ou un ralentissement du pas qui se fait naturellement et qui autorise la réflexion et la délibération individuelle ou collective sur la direction à prendre. Des seuils bien conçus avec un haut degré de confort permettent de temporiser et d’orienter librement ses choix de parcours. C'est particulièrement utile de bien gérer les effets de seuils successifs au sein des coeurs de ville, des centres commerciaux et des parcs, qui sont par définition des lieux à forte épaisseur où la texture du trajet se déploie en une succession d'expériences qui s'enchaînent à mesure que l'on progresse dans les boucles cheminatoires.  

Les micro-topographies : En jouant sur les hauteurs ou la disposition du sol, on amplifie l’espace perçu et on engage le corps autrement. Cela stimule la proprioception, donne une impression de variété spatiale et renforce l’effet "prospect-refuge", un réflexe essentiel pour tous les mammifères, et nous les humains en particulier : voir loin tout en se sentant protégé. 

L’effet phare : Introduire un point de repère attirant au loin permet de structurer la marche, d’encourager la déambulation, et même de rebrousser chemin légitimement. Cela densifie les parcours (ex. : en centre-ville) et redynamise les circulations.   

Pour mieux relier les sous-espaces entre eux et en garantir la vitalité, 5 grands leviers sont à activer.  

Il faut avant tout veiller à l’équilibre transit/séjour : chaque sous-espace doit permette les deux à la fois, dans des proportions variables selon sa nature (ex. : portes = plus de transit ; phares = plus de séjour).  

Ensuite, il faut multiplier les prises et jouer sur les tonalités des divers sous-espaces. Il convient aussi de créer des points d’attraction visibles depuis d’autres sous-espaces (jeux, cafés, bancs…) afin d’activer des transitions naturelles entre eux.  

Il faut encourager les piétons statiques, car leur présence attire d'autres piétons. La logique majeur/mineur (ex. : espace ludique + coin lecture) favorise l’hybridation des usages pour différents publics au sein d'un même sous-espace, ce qui se révèle à la fois plus économe en mètres carrés et plus attractif en termes d'usages. Les espaces ainsi hybridés ont généralement une plus grande capacité d'accueil et garantissent un meilleur ratio de piétons statiques versus des piétons qui ne font que passer.  

Quatrièmement, renforcer les "cordons aux adieux" : les lisières, ces zones de passage où les gens ralentissent, interagissent, se disent bonjour/au revoir. Ces "cordons de sociabilité" dynamisent les interfaces entre sous-espaces.  

Enfin, jouer sur la diversité des rythmes (ralentir, se poser, faire un pas de côté, interagir). Ralentir est la première condition - nécessaire à la relation, à l’exploration et à l’appropriation. Les autres typologies de rythmes viennent se rajouter pour créer des variations permettant de donner plus de tonus et du caractère à nos sous-espaces. 

En soignant ces quatre familles de sous-espaces - portes, seuils, phares et micro-topographies - on enrichit l’expérience des lieux et on favorise une occupation fluide, vivante et mieux partagée des espaces publics.   

Mon plaidoyer cherche donc à vous inciter à penser vos espaces publics non pas comme des unités homogènes et lisses mais plutôt comme des systèmes vivants, faits de méandres et de transitions, de repères sensibles qui se font écho comme autant d’invitations à poursuivre son chemin, pas après pas.

Chapitres :

00:00 - Multiplier les sous-espaces permet de mieux rentrer en relation
01:31 - Les 4 ingrédients qui composent les sous-espaces
01:46 - Les portes
03:37 - Les seuils
06:34 - Les micro-topographies
09:20 - L’effet-phare
11:02 - Les 5 leviers pour relier les sous-espaces entre eux
11:23 - Assurer l'équilibre transit-séjour
13:00 - Multiplier les prises et jouer sur les tonalités
18:28 - Créer des piétons statiques
19:31 - Renforcer les cordons aux adieux
23:01 - Travailler les rythmes
23:20 - Les 4 typologies de rythmes : ralentir, faire un pas de côté, se poser, interagir 26:30 - Varier les sous-espaces pour donner du tonus aux espaces publics

J'espère que vous avez apprécié cet épisode et que vous y avez récolté de belles inspirations pour vos projets actuels et futurs. Vous retrouverez plus de ressources y compris plein de vidéos avec des cas d'étude intéressants sur les autres playlists de ma chaîne YouTube : https://www.youtube.com/@bfluidproductions

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